Voyage de Claire & Pierre-Antoine

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Océanie › Nouvelle-Zélande

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vendredi, octobre 1 2010

Ile du Sud : de Invercargill à Doubtful Sound

Nous quittons Invercargill le mercredi 22 septembre sous la pluie, en continuant notre chemin le long de la Southern Scenic Route, vers l'Ouest et la région des fjords. Les pâturages s'étendent à perte de vue, des milliers de moutons broutant sous la pluie, dans leurs prairies inondées. On s'arrête plusieurs fois en bord de mer, mais la plupart du temps nous nous contentons de regarder le paysage en restant dans la voiture, tant la pluie est incessante et tombe en quantité. C'est au lac Monowai que nous arrivons en fin d'après-midi. On prend notre courage à deux mains en revêtant nos capes et nos chaussures imperméables, et on s'efforce de sortir faire une marche d'une demi-heure vers un point de vue sur le lac et les collines environnantes. Bien entendu, ces dernières sont dissimulées derrière les nuages et la brume diminue grandement la visibilité. Le soir, nous dormons en bordure du lac, en partageant l'endroit avec un couple de jeunes allemands.


Le jeudi 23 septembre au petit matin, nous avons droit à une surprise : la pluie de la veille s'est transformée en neige pendant la nuit, et tout autour de nous en est recouvert. Il continue de neiger à gros flocons, on profite donc un court moment de cette première chute de neige du voyage, avant de décider de partir avant que l'épaisseur de neige ne nous en empêche. Nous ne sommes pas équipés pour la neige et n'avons pas de chaînes pour notre voiture. Cependant, les deux roues motrices de notre Toyota Estima nous impressionnent puisque nous pouvons même monter une colline où les allemands restent bloqués en l'attente du passage du chasse-neige. Nous sommes alors en pleine campagne, tout est couvert par une couche de neige fraiche qui excède par endroits les 20cm. Le ciel se dégageant peu à peu, on se régale du paysage. On passe sur notre route par le lac Manapouri, dont la vue est plutôt voilée. On continue alors jusqu'à Te Anau qui borde le lac du même nom. On y réserve une petite croisière en bateau dans les Doubtful Sounds pour la journée du samedi. Le temps étant correct, on marche le long du lac en regardant les montagnes enneigées qui l'entourent.


Malheureusement, la pluie revient dès le lendemain. Elle est en effet très régulière dans cette région du Sud-Ouest de la Nouvelle-Zélande. Ici, il pleut en moyenne 7000mm par an, tandis que la pluviométrie nantaise moyenne n'est que de 800mm annuels! On reste donc dans des lieux couverts, en commençant par le centre touristique géré par le Département de la conservation, en charge de la protection de la faune et de la flore dans le pays. Y est présent un petit musée, et un mini-cinéma où l'on diffuse à la demande un court métrage sur les randonnées dans la région des fjords. Dans l'après-midi, c'est dans le véritable cinéma de la ville que nous allons voir "Ata Whenua", en anglais Shadowland, une production de 32 minutes sans paroles. Il s'agit d'un film réalisé par un pilote d'hélicoptère ayant notamment participé dans la région au tournage de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Les prises de vues sont saisissantes et l'effet immersif. Les images montrent les fjords comme ils ne peuvent être vus que du ciel, en insistant sur les falaises tombant à pic sur plusieurs centaines de mètres, les étroites vallées et les cascades. Il s'agit d'un très beau film, une excellente mise en bouche avant la croisière, et nous sommes chanceux de pouvoir le voir, puisque sa diffusion quotidienne depuis 2004 prend fin au début du mois d'octobre.

Le samedi 25 septembre, notre journée de prévue dans les fjords débute bien mal. Nous avons rendez-vous à 8h30 à l'office du tourisme de Te Anau, mais notre batterie ne veut rien savoir, il est impossible de démarrer la voiture. Heureusement, nous arrivons malgré le faible trafic sur la route à arrêter une voiture qui nous aide rapidement, et l'on regagne donc l'office du tourisme avec cinq minutes de retard. Nous sommes rassurés d'y trouver un bus qui nous emmène à Manapouri, d'où partent les bateaux. On y apprend que nous ne sommes pas montés dans le bon transport (personne n'ayant contrôlé nos tickets plus tôt), et nous nous rendons à l'agence d'en face. C'est là que les choses se corsent. La dame à l'accueil, plutôt rude, nous annonce que notre bateau est parti, que notre réservation est ainsi perdue. Elle ne veut rien savoir, n'accepte ni remboursement, ni report au lendemain, ni arrangement avec l'autre agence. La seule solution qu'elle nous propose est de payer intégralement notre excursion une seconde fois pour partir le lendemain. Passablement énervés par un si mauvais service client et aucune compréhension du problème, nous quittons l'agence Fiordland Explorer Charters en très mauvais termes, mais ne pouvons que nous résoudre à oublier cette activité à 200$, la plus chère à ce jour de notre voyage en Nouvelle-Zélande. Nous retournons chez RealJourneys, qui nous ont emmenés en bus, et ils acceptent de nous ramener gratuitement à Te Anau sans attendre, geste aimable puisque nous n'avons même pas réservé avec eux. Le manager, voyant clairement notre déception d'avoir perdu toute chance de visiter les fjords, nous propose même l'inattendu : il nous offre un ticket chacun pour une croisière sur leur bateau le lendemain, sans contrepartie financière, alors que leur offre est 50% plus chère. Nous acceptons bien sûr en le remerciant chaleureusement, son geste étant plein de bonté. On nous ramène alors à Te Anau où nous visitons le Wildlife Centre, où sont visibles différents oiseaux sauvages. L'après-midi étant pluvieuse, nous nous réfugions profiter de la chaleur d'un feu de bois dans le Live Tree Cafe. En quittant le bar, on réalise que la chance est avec nous en passant à deux doigts de manquer de nouveau le départ du lendemain : Pierre-Antoine feuillette par curiosité les journaux proposés dans le bar, et y découvre que le passage à l'heure d'été a lieu dans la nuit, qu'il nous faut avancer nos montres d'une heure. Ouf!


Le dimanche, le bateau de RealJourneys part avec un léger retard dû aux incertitudes sur la sécurité de la route entre le lac Manapouri et le fjord Doubtful Sound. Celle-ci, appelée Wilmot Pass, a connu quelques petites avalanches dans la nuit, ce qui constitue une première en sept ans. Nous finissons tant bien que mal par partir, en débutant par une courte croisière de 45 minutes sur le lac Manapouri, à tenter de voir ses 34 îles dissimulées dans une enveloppe de brume. A l'arrivée à l'extrémité Ouest du lac, on peut observer la partie émergée d'une centrale électrique sous-terraine, que nous visiterons l'après-midi. On prend un bus entre la station électrique et le lieu d'embarquement pour Doubtful Sound, passant par Wilmot Pass. La route est une impasse des deux côtés, et a été construite à l'origine dans l'unique but de transporter le matériel et les outils nécessaires à la construction et à la maintenance de la centrale. Nous prenons finalement place dans un nouveau bateau qui nous emmène en croisière pour trois heures. De l'avis général, il pleut très régulièrement dans les fjords, et nous n'échappons pas à la règle. On visite alors le fjord dans une ambiance "mystique" (terme positif utilisé pour décrire un paysage observé par une météo défavorable). Pour nous, c'est le coup de la baie d'Halong, que l'on a également connu au volcan Bromo.


Des cascades temporaires apparaissent par centaines le long des falaises. De débit fort ou faible, toutes ont en commun de tomber à la verticale sur plusieurs centaines de mètres. Les montagnes sont couvertes d'une dense végétation, leur succession dans le brouillard créant parfois une sensation de solitude face à cette immensité. Le silence des lieux, isolés de toute vie humaine à quelques dizaines de kilomètres à la ronde, n'est rompu que par le chant original des oiseaux de la région. Nous estimons que le spectacle valait le mal et le temps que nous nous sommes donnés pour y accéder.
Au cours de la croisière, nous faisons connaissance avec deux jeunes allemands qui viennent passer un an en Nouvelle-Zélande dans le cadre d'un échange scolaire financé par le Rotary Club. De retour dans le car entre le fjord et le lac Manapouri, nous "visitons" la station d'électricité sous-terraine. La "visite" consiste tout d'abord en une descente de 2km d'un tunnel en serpentin, creusé dans la montagne. La pente assez élevée, les bords bruts du tunnel, et les lumières éparses nous font vraiment sentir que nous nous dirigeons en profondeur. Heureusement, personne n'est claustrophobe dans notre car... On descend finalement observer la salle des générateurs, vue d'une plateforme. Et c'est tout! Pierre-Antoine peut brièvement étudier un schéma simplifié de la centrale, mais ce que nous en retiendrons sera surtout le trajet dans le tunnel. De retour à Manapouri, on roule une centaine de kilomètres en direction de Queenstown et finissons la soirée au bord d'un feu.

mardi, septembre 21 2010

Ile du Sud : de Oamaru à Invercargill

Le vendredi 17 septembre, on prend notre petit déjeuner en haut d'une colline, avec un point de vue sur Oamaru. Dans la matinée, nous visitons le centre de protection des manchots bleus. C'est ici le seul endroit où la possibilité est donnée d'observer les rares petites bêtes. Des boîtes de bois ont été installées dans l'herbe, là où les manchots avaient pris l'habitude de venir passer la nuit, et ils y ont naturellement élu refuge. Dans une petite salle sombre, d'autres nids sont présents, un cylindre troué sur le dessus permettant de les observer de plus près. Les photographies y sont cependant prohibées. On y voit quelques adultes, certains couvant leurs œufs, et de petits poussins. A l'extérieur, quelques spécimens occupent les boîtes mais en journée, la majorité d'entre eux est sortie pêcher, ce qui fait que nous sommes déçus, et estimons que le prix de l'admission n'est pas justifié, mais permet heureusement de contribuer à la sauvegarde de l'espèce, dont la population augmente fortement à Oamaru depuis la création du centre. Une trentaine de kilomètres au Sud, nous marchons sur la plage de Moeraki en s'étonnant devant les "boulders", d'étranges rochers qui semblent échoués sur le sable. Leur forme est ce qu'il y a d'étrange en eux, puisqu'ils sont parfaitement ronds. Certains sont cassés et l'intérieur en est creux! C'est une nouvelle formation géologique sans autre explication qu'une légende maorie...


En fin d'après-midi, on va au phare, au Sud de Moeraki. Une colonie de manchots aux yeux jaunes s'y réfugie tous les soirs après la journée de pêche, et à 16h arrive l'occasion de les observer rentrer, à partir d'une petite cabane proche de la plage. Nous y sommes seuls et on a l'impression de vivre un reportage animalier. On voit bien mieux les manchots qu'au centre précédent, et tout cela gratuitement, en pleine nature. Nous observons ainsi six manchots rentrer sur la plage et grimper la petite falaise en marchant ou en réalisant de petits sauts. Des phoques, bien moins actifs, sont endormis sur la plage et sur les rochers. Plus haut dans la colline, un autre manchot aux yeux jaunes est dans son abri, se reposant à tout juste deux mètres de nous. En remontant à notre voiture, un dernier spécimen déambule sur l'herbe à la recherche du chemin pour son abri. On quitte Moeraki au crépuscule, très satisfaits d'avoir pu voir autant de vie sauvage à laquelle nous ne sommes pas habitués.



Le samedi 18 septembre, on roule jusqu'à Dunedin. Nous visitons un emblème de la ville, la chocolaterie Cadbury, dont les grands silos blanc et violet se dressent en plein centre-ville. Quelques échantillons nous sont "offerts" lorsque nous achetons nos tickets pour la présentation, et pour être honnête, le chocolat est plutôt industriel et les mélanges à la banane chimique ou au marshmallow choquent nos palais français. Au cours de la visite, nous goûtons des graines de cacao pures, voyons les anciennes voitures de transport de chocolat, dont un modèle de Fort T spécialement aménagé. Le clou du spectacle, une tonne de chocolat liquide est déversée sous nos yeux!


Puisqu'il pleut lorsque nous sortons, nous décidons d'aller à l'hôpital. Le pouce de Pierre-Antoine étant toujours fracturé, le médecin a la gentillesse de laisser à Pierre-Antoine la décision de refaire ou non un plâtre. Même si la tentation est forte, la sagesse l'emporte et il réclame un nouveau plâtre qu'il devra conserver pour les deux dernières semaines de notre voyage sur l'île du Sud. On profite ensuite d'une accalmie pour voir Baldwin Street, la rue fièrement indiquée comme étant la plus pentue du monde (35%), certificat du Guinness Book à l'appui. On la monte à pied sans fatiguer, la randonnée du Mont Cook ayant certainement été un entrainement adapté à l'épreuve. Tout le reste de la journée, la météo alterne entre ciel dégagé et averses de neige...

Le dimanche matin, on apprend par des locaux que certaines routes autour de Dunedin sont couvertes de neige, nous restons donc dans la ville pour voir les monuments en espérant que la neige fonde. La forte immigration écossaise dans les environs a eu une influence notable sur l'architecture, et Dunedin est donc une des rares villes néo-zélandaises (avec Oamaru, bien plus petite) qui a du cachet et quelques bâtiments anciens.


Nous nous rendons à la gare, puis au musée des pionniers. Dans ce dernier sont exposées entre autres des locomotives d'époque, des figurines de Star Wars et des Beatles, et une agréable reconstitution de l'intérieur d'un bateau à voile transportant des immigrants vers la Nouvelle-Zélande au milieu du XXIXème siècle. Pour finir, on arpente la très récente Art Gallery, dont nous avons un avis divergent sur la collection de tableaux et d'œuvres contemporaines étranges. On quitte Dunedin pour Balclutha, plus au Sud, où l'on apprend que 50 km plus loin, la route est coupée à cause de l'enneigement dû aux fortes précipitations de ces derniers jours. Les prévisions météorologiques ne sont pas bonnes mais nous parions malgré tout sur une réouverture prochaine de la route, et roulons vers la forêt des Catlins, à l'extrême Sud de l'île du Sud. En chemin, on passe par Nugget Point. Là aussi, c'est au bout de la baie, près du phare, que la côte est la plus sauvage et permet l'observation de quelques manchots qui reviennent sur la plage, à partir d'une cabane bien orientée. On s'arrête pour passer la nuit à Owaka, le dernier village avant la route fermée.

Le lundi 20 septembre, la chance est avec nous puisque la route de la forêt des Catlins est à nouveau ouverte. Il reste beaucoup de neige dans les prairies entourant la forêt, mais les routes ont été nettoyées. La région des Catlins est très reculée et peu développée, le principal intérêt en est donc la nature. Et plus particulièrement les chutes d'eau : Purakaunui Falls, Manai Falls, Horseshoe Falls, Mclean Falls... Elles ont toutes un débit honorable et sont accessibles facilement après une courte marche en forêt.


Mais surtout, nous avons l'impression d'être seuls à leur rendre visite, puisque les uniques véhicules que nous croisons le long de la Southern Scenic Route qui traverse la région semblent être ceux des fermiers locaux. Nous faisons de nombreux arrêts, en passant par le lac Wilkie sans poisson, et un ancien site d'une scierie sans intérêt. On longe la côte la plus méridionale de l'île du Sud pour arriver à Waipapa Point, ou a été construit un phare suite au plus gros naufrage civil néo-zélandais qui a eu lieu ici en 1881. On comprend facilement pourquoi les conditions de navigation peuvent être difficiles : le vent y est extrêmement puissant, on lutte face à lui pour atteindre la pointe où les lions de mer, pourtant familiers de l'endroit, semblent s'être réfugiés dans l'eau pour ne pas subir les bourrasques sur la plage. C'est à Invercargill, petite ville tout au Sud de la Nouvelle-Zélande, que nous passons la nuit.

Le mardi, la météo reste très difficile, entre averses de grêle et fortes rafales de vent. On passe la journée à Invercargill en planifiant plus clairement la suite de notre route sur l'île du Sud.

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