Le vendredi 17 septembre, on prend notre petit déjeuner en haut d'une colline, avec un point de vue sur Oamaru. Dans la matinée, nous visitons le centre de protection des manchots bleus. C'est ici le seul endroit où la possibilité est donnée d'observer les rares petites bêtes. Des boîtes de bois ont été installées dans l'herbe, là où les manchots avaient pris l'habitude de venir passer la nuit, et ils y ont naturellement élu refuge. Dans une petite salle sombre, d'autres nids sont présents, un cylindre troué sur le dessus permettant de les observer de plus près. Les photographies y sont cependant prohibées. On y voit quelques adultes, certains couvant leurs œufs, et de petits poussins. A l'extérieur, quelques spécimens occupent les boîtes mais en journée, la majorité d'entre eux est sortie pêcher, ce qui fait que nous sommes déçus, et estimons que le prix de l'admission n'est pas justifié, mais permet heureusement de contribuer à la sauvegarde de l'espèce, dont la population augmente fortement à Oamaru depuis la création du centre. Une trentaine de kilomètres au Sud, nous marchons sur la plage de Moeraki en s'étonnant devant les "boulders", d'étranges rochers qui semblent échoués sur le sable. Leur forme est ce qu'il y a d'étrange en eux, puisqu'ils sont parfaitement ronds. Certains sont cassés et l'intérieur en est creux! C'est une nouvelle formation géologique sans autre explication qu'une légende maorie...


En fin d'après-midi, on va au phare, au Sud de Moeraki. Une colonie de manchots aux yeux jaunes s'y réfugie tous les soirs après la journée de pêche, et à 16h arrive l'occasion de les observer rentrer, à partir d'une petite cabane proche de la plage. Nous y sommes seuls et on a l'impression de vivre un reportage animalier. On voit bien mieux les manchots qu'au centre précédent, et tout cela gratuitement, en pleine nature. Nous observons ainsi six manchots rentrer sur la plage et grimper la petite falaise en marchant ou en réalisant de petits sauts. Des phoques, bien moins actifs, sont endormis sur la plage et sur les rochers. Plus haut dans la colline, un autre manchot aux yeux jaunes est dans son abri, se reposant à tout juste deux mètres de nous. En remontant à notre voiture, un dernier spécimen déambule sur l'herbe à la recherche du chemin pour son abri. On quitte Moeraki au crépuscule, très satisfaits d'avoir pu voir autant de vie sauvage à laquelle nous ne sommes pas habitués.



Le samedi 18 septembre, on roule jusqu'à Dunedin. Nous visitons un emblème de la ville, la chocolaterie Cadbury, dont les grands silos blanc et violet se dressent en plein centre-ville. Quelques échantillons nous sont "offerts" lorsque nous achetons nos tickets pour la présentation, et pour être honnête, le chocolat est plutôt industriel et les mélanges à la banane chimique ou au marshmallow choquent nos palais français. Au cours de la visite, nous goûtons des graines de cacao pures, voyons les anciennes voitures de transport de chocolat, dont un modèle de Fort T spécialement aménagé. Le clou du spectacle, une tonne de chocolat liquide est déversée sous nos yeux!


Puisqu'il pleut lorsque nous sortons, nous décidons d'aller à l'hôpital. Le pouce de Pierre-Antoine étant toujours fracturé, le médecin a la gentillesse de laisser à Pierre-Antoine la décision de refaire ou non un plâtre. Même si la tentation est forte, la sagesse l'emporte et il réclame un nouveau plâtre qu'il devra conserver pour les deux dernières semaines de notre voyage sur l'île du Sud. On profite ensuite d'une accalmie pour voir Baldwin Street, la rue fièrement indiquée comme étant la plus pentue du monde (35%), certificat du Guinness Book à l'appui. On la monte à pied sans fatiguer, la randonnée du Mont Cook ayant certainement été un entrainement adapté à l'épreuve. Tout le reste de la journée, la météo alterne entre ciel dégagé et averses de neige...

Le dimanche matin, on apprend par des locaux que certaines routes autour de Dunedin sont couvertes de neige, nous restons donc dans la ville pour voir les monuments en espérant que la neige fonde. La forte immigration écossaise dans les environs a eu une influence notable sur l'architecture, et Dunedin est donc une des rares villes néo-zélandaises (avec Oamaru, bien plus petite) qui a du cachet et quelques bâtiments anciens.


Nous nous rendons à la gare, puis au musée des pionniers. Dans ce dernier sont exposées entre autres des locomotives d'époque, des figurines de Star Wars et des Beatles, et une agréable reconstitution de l'intérieur d'un bateau à voile transportant des immigrants vers la Nouvelle-Zélande au milieu du XXIXème siècle. Pour finir, on arpente la très récente Art Gallery, dont nous avons un avis divergent sur la collection de tableaux et d'œuvres contemporaines étranges. On quitte Dunedin pour Balclutha, plus au Sud, où l'on apprend que 50 km plus loin, la route est coupée à cause de l'enneigement dû aux fortes précipitations de ces derniers jours. Les prévisions météorologiques ne sont pas bonnes mais nous parions malgré tout sur une réouverture prochaine de la route, et roulons vers la forêt des Catlins, à l'extrême Sud de l'île du Sud. En chemin, on passe par Nugget Point. Là aussi, c'est au bout de la baie, près du phare, que la côte est la plus sauvage et permet l'observation de quelques manchots qui reviennent sur la plage, à partir d'une cabane bien orientée. On s'arrête pour passer la nuit à Owaka, le dernier village avant la route fermée.

Le lundi 20 septembre, la chance est avec nous puisque la route de la forêt des Catlins est à nouveau ouverte. Il reste beaucoup de neige dans les prairies entourant la forêt, mais les routes ont été nettoyées. La région des Catlins est très reculée et peu développée, le principal intérêt en est donc la nature. Et plus particulièrement les chutes d'eau : Purakaunui Falls, Manai Falls, Horseshoe Falls, Mclean Falls... Elles ont toutes un débit honorable et sont accessibles facilement après une courte marche en forêt.


Mais surtout, nous avons l'impression d'être seuls à leur rendre visite, puisque les uniques véhicules que nous croisons le long de la Southern Scenic Route qui traverse la région semblent être ceux des fermiers locaux. Nous faisons de nombreux arrêts, en passant par le lac Wilkie sans poisson, et un ancien site d'une scierie sans intérêt. On longe la côte la plus méridionale de l'île du Sud pour arriver à Waipapa Point, ou a été construit un phare suite au plus gros naufrage civil néo-zélandais qui a eu lieu ici en 1881. On comprend facilement pourquoi les conditions de navigation peuvent être difficiles : le vent y est extrêmement puissant, on lutte face à lui pour atteindre la pointe où les lions de mer, pourtant familiers de l'endroit, semblent s'être réfugiés dans l'eau pour ne pas subir les bourrasques sur la plage. C'est à Invercargill, petite ville tout au Sud de la Nouvelle-Zélande, que nous passons la nuit.

Le mardi, la météo reste très difficile, entre averses de grêle et fortes rafales de vent. On passe la journée à Invercargill en planifiant plus clairement la suite de notre route sur l'île du Sud.