Le vendredi 1er octobre, nous nous levons à 7 heures pour tester notre motivation à la marche à pied. Malgré la fraîcheur matinale, le beau temps et la perspective de beaux paysages nous donnent le courage pour marcher autour du lac Matheson. Le chemin nous mène à différents points de vue sur le lac. Au petit matin, le calme et l'absence de vent permettent à l'eau d'être plus plate que jamais. Les montagnes d'en face, parmi lesquelles le Mont Cook (3754m), y reflètent alors comme dans un miroir.


L'humidité matinale crée une petite brume lorsque les premiers rayons de soleil arrivent, l'endroit est idéal pour réaliser quelques photographies. Ce n'est que lorsque les canards viennent se baigner que de petites vagues apparaissent et déforment les reflets des Alpes du Sud, et nous quittons alors les lieux. Nous nous approchons du glacier, où nous jetons notre dévolu sur la randonnée "Chalet Lookout", offrant une vue sur le Fox Glacier. Malheureusement, les importantes pluies des derniers jours ont fait gonfler le débit d'un ruisseau, qui s'est transformé en un petit torrent qu'il nous est impossible de traverser. Nous regrettons de devoir ainsi faire demi-tour au bout d'une heure, alors que nous étions presque arrivés. Sur le chemin du retour, on trempe nos doigts dans l'eau d'une source chaude. On y voit l'eau jaillir en petite quantité et de petites bulles monter à la surface. La source est cependant beaucoup trop petite pour que nous puissions nous y baigner. Pour tout de même voir le glacier, on marche dans la vallée qui y mène. Le glacier a beaucoup reculé depuis 1750 (des panneaux nous indiquant où il arrivait à l'époque), mais il est actuellement en expansion. La piste est plus empruntée que celle du chalet, mais on arrive ainsi à une petite centaine de mètres du terminal du glacier. L'air environnant est très frais.


Dans l'après-midi, nous allons jusqu'au Franz Joseph Glacier. Comme son voisin le Fox Glacier, il est notable par sa facilité d'accès, et par la faible altitude à laquelle il descend (250m seulement), cela à moins de 15km de la mer. Le Franz Joseph est au contraire en phase de retrait. On marche une vingtaine de minutes pour atteindre le point de vue du Sentinel Rock, à quelques kilomètres du terminal du glacier. Pour finir la journée par une (dernière!) courte marche, nous nous rendons à Peter's Pool, nommée ainsi en l'honneur d'un garçon de 9 ans appelé Peter qui venait y camper seul au début du siècle. Nous sommes déçus de la vue car les nuages s'étant levés dans l'après-midi, nous n'y voyons pas grand chose.

Le lendemain, on retourne au petit matin se garer sur le parking du glacier, en découvrant avec une certaine fierté que nous y sommes les premiers. On part à 7h45 pour la Roberts Point Walk, une marche de plusieurs heures. La piste passe par Peter's Pool, où le glacier se reflète bien mieux que la veille. La randonnée qui suit nous paraît interminable, traversant des dizaines de ruisseaux. La piste disparaît peu à peu pour faire place à une succession de rochers couverts de mousse, de lits de rivières, et de chemins plutôt sauvages.


Les conditions de marche ne sont pas toujours faciles, nous sommes soulagés lorsque nous atteignons le point de vue d'où nous surplombons le glacier. Nous y cassons la croûte, et reprenons notre courage à deux mains pour descendre en trois heures jusqu'au parking, en terminant la randonnée sous une forte pluie.


En guise de récompense et en prévention des courbatures, on s'accorde un bain aux Glacier Hot Pools. Trois bassins alimentés par l'eau du glacier sont chauffés respectivement à 36°C, 38°C, et 40°C.


Le soir, nous dormons sur un terrain de camping gratuit mis à disposition par le Département de la Conservation du territoire, au bord du lac Ianthe, une heure plus au Nord.

Le dimanche 3 octobre, on se réveille devant une très belle étendue d'eau. Il fait beau temps et une légère brume flotte sur le lac.


Après le petit-déjeuner, on roule en direction de Christchurch passant à nouveau par Arthur's Pass, comme trois semaines plus tôt. Cette fois-ci, le ciel bleu remplace le brouillard. On peut donc voir les montagnes de la vallée au sommet. La "route la plus belle du monde" possède une réputation clairement surfaite, mais les paysages sont tout de même très beaux.


En arrivant à Christchurch, on a du temps et il reste de l'essence dans le réservoir, nous décidons donc de nous rendre à une plage au Sud de la ville, à Rapaki. Deux bassins ont été creusés dans le sable, et l'eau y est chaude! Nous questionnons des néo-zélandais à ce sujet, ils nous précisent que le phénomène n'est pas normal. Ce n'est que depuis le tremblement de terre du mois précédent qu'il suffit de creuser quelques dizaines de centimètres dans le sable pour voir apparaître de l'eau tempérée et des bulles... Outre l'aspect agréable de cette eau thermale facile d'accès, cela démontre concrètement que l'activité sismique de la région reste intense. Nous rentrons le soir à Christchurch, et découvrons que la ville est toujours autant détruite par le tremblement de terre. Les sociétés de constructions travaillent à plein régime, mais de nombreux périmètres de sécurité sont toujours présents autour des bâtiments les plus touchés par le séisme du 4 septembre.



Le lundi, on se réveille pour la dernière fois dans notre van. Le bilan de la journée est positif puisque Pierre-Antoine se fait retirer son plâtre, et nous obtenons un arrangement financier raisonnable pour la réparation de notre pare-brise arrière. Nous rendons notre voiture à l'entrepôt Wicked et sommes à nouveau piétons, après avoir parcouru en un mois 4560 kilomètres le long d'une île qui n'est fait qu'environ 800 de long et 200 de large. Le soir, on se prouve que nous ne sommes pas superstitieux en retournant au Chester Street Backpackers, là même où nous avions vécu le tremblement de terre exactement un mois plus tôt. Comble du hasard, nous retrouvons les mêmes lits! Ce hasard perdure étrangement lorsque nous vivons une réplique de magnitude 5, une des plus fortes du mois, aux environs de 22h30...