Les jeudi 2 et vendredi 3 septembre, Claire et Pierre-Antoine passent leurs dernières journées  à Auckland sur l'île Fumante (île du Nord) en s'impatientant de rejoindre l'île de Jade (île du Sud). Le vendredi soir, c'est avec deux heures de retard que décolle notre vol Pacific Blue à destination de Christchurch, la seconde ville du pays, d'une taille comparable à celle de la capitale, Wellington. C'est ainsi à minuit que nous prenons nos quartiers dans le petit Chester Street Backpacker, une petite maison colorée dans une rue calme au Nord-Est du centre-ville. Le dortoir de trois personnes pour nous deux nous convient tout à fait.

Le samedi 4 septembre à 4h35, on se réveille brusquement secoués dans nos lits. Claire, à moitié dans ses rêves, croit à un train qui passe tout près. Le bruit est sourd et le sol tremble tellement qu'il est impossible de tenir debout. On se jette sous le cadre de la porte pour se protéger. On y reste blottis une trentaine de secondes en attendant que la secousse cesse. Le calme revenu, on se lève et on regarde dans le couloir. L'électricité et le téléphone sont coupés. Un extincteur et des cadres sont tombés au sol, mais visiblement personne n'est blessé. Dans la rue, les gens sortent équipés de leur lampe torche pour vérifier qu'ils n'ont pas été atteints par les dégâts. Nous apprendrons le lendemain que notre rue figure parmi les plus chanceuses de l'évènement. On rentre se coucher, bercés par une dizaine de répliques de plus faible intensité jusqu'au petit matin. Les sirènes des services d'urgence sont audibles durant toute la nuit. On se réveille vers 10h, et réalisons rapidement que l'électricité et l'eau sont toujours coupés. Sur notre route pour aller chercher notre van de location, tous les feux tricolores sont éteints, et des briques sont tombées sur le toit d'une voiture. En dehors de cela, les dégâts semblent limités en comparaison à la puissance du séisme. On décide de faire un tour du centre-ville, où le périmètre de sécurité est perméable si l'on se donne le mal de faire le tour. Le nettoyage a été très efficace.


De nombreux bâtiments montrent de grosses failles, d'autres ont été plus abîmés et certains partiellement effondrés. L'ensemble des constructions touchées reste dangereux et nécessitera des réparations. En ce samedi après-midi, tous les magasins sont fermés, y compris les fast-foods prétendant une ouverture 24h/24. Le gros du nettoyage ayant été effectué, les rues sont propres, sûres, en bon état et il semble que la catastrophe a été évitée puisqu'aucun mort n'a été déploré. A notre échelle, Pierre-Antoine ressent toujours une douleur au pouce et Claire insiste pour qu'il aille se faire examiner dans un centre médical. Le verdict est sans appel : la radio montre clairement que le pouce est cassé, Pierre-Antoine se fait plâtrer sur-le-champ. C'est donc Claire qui devra conduire pour les jours suivants, et nous emmène ainsi dormir à nouveau dans la rue du backpacker.


Le dimanche 5 septembre, tout juste sortis du van, un jeune néo-zélandais habitant en face nous propose sa salle de bain pour une douche. Geste sympathique que nous ne pouvons pas refuser, d'autant plus que l'eau ayant été coupée la veille, nous n'avons pas pu nous laver. Il nous offre même du pain, de la mayonnaise, et des saucisses en guise de petit déjeuner. Une belle leçon de partage et de générosité, là où d'autres (non, nous ne critiquons pas les australiens...) se seraient fait une joie d'appeler la police pour nous voir se faire verbaliser ou expulser. On le remercie vivement, puis passons vérifier le bon état du plâtre de Pierre-Antoine au centre médical avant de quitter Christchurch. On the road again! En chemin, on peut voir que les dégâts n'ont bien évidemment pas été que dans le centre-ville, puisque partout des cheminées sont effondrées, des églises partiellement effritées, et des périmètres de sécurité déployés. Nous prenons la route vers le Nord, et l'île du Sud nous offre sa première surprise à Weka Pass, où nous croisons un authentique train à vapeur en fonctionnement! Si Kaikoura était notre objectif, nous choisissons finalement de faire une pause bien méritée à Hanmer Springs, où une station de bains thérapeutiques a été ouverte en 1860. Cette date est mise en valeur lorsque l'on sait que la construction de Christchurch a commencé en... 1840. Il y a moins de 200 ans, la Nouvelle-Zélande était vierge de colons européens, et peuplée uniquement de tribus maoris. On s'accorde aisément sur le fait de passer l'après-midi dans les bains thermaux extérieurs offrant la vue sur les montagnes enneigées environnantes, ce qui rappelle fortement à Pierre-Antoine la station de Serre-Chevalier et plus particulièrement l'établissement des Bains , du Monêtier-les-bains. On passe plus de trois heures à alterner entre les différents bassins allant de 35°C à 41°C, dont l'eau est riche en minéraux. Le soir, un vent de tempête nous rebute à cuisiner au réchaud, et pour finir la journée en beauté on dîne dans un restaurant indien.


Le lundi matin, nous quittons alors Hanmer Springs en direction de Kaikoura, toujours plus au Nord. La route est particulièrement sinueuse et de puissantes rafales de vent se sont sentir dans certains passages exposés. Une trentaine de kilomètres avant notre destination, nous faisons un arrêt forcé dû à un gros arbre qui s'est abattu au milieu de la chaussée. Nous arrivons tant bien que mal à Kaikoura, qui est une très belle petite ville coincée entre mer et montagnes. En effet, l'une d'elles culmine à 2596m en n'étant qu'à 10km du Pacifique. Le lieu est connu pour la présence perpétuelle de cachalots et de phoques. Les sorties en bateau pour observer les gros cétacés sont chères et n'ont pas lieu lors des journées venteuses. On se rabat donc (avec plaisir tout de même) sur l'observation de colonies de phoques. La plupart d'entre eux dort sur la plage ou sur les rochers, les plus jeunes jouent dans l'eau. En partant toujours vers le Nord, la route longe gracieusement l'océan et on découvre que les colonies sont bien plus importantes ici qu'au cap proche de la ville. Nous passons la soirée dans les environs de Blenheim, sur un terrain de camping public mis à disposition par le DOC (Department Of Conservation), en bord de plage.


Note : Si la vidéo saccade, mettez HD sur Off.

Le mardi 7 septembre, on roule jusqu'à la proche ville de Picton. Elle est le lieu d'arrivée et de départ des ferrys à destination de Wellington, sur l'île du Nord. Les Marlborough Sounds sont des îles très vallonnées et proches les unes des autres, et sont l'attraction principale de cet endroit. Un chemin de randonnée, le Queen Charlotte Track, permet de profiter pleinement des paysages, mais ses 71km font que nous ne pouvons nous le permettre! On compense en optant pour la Queen Charlotte Drive, route qui se faufile dans les collines longeant la mer en offrant quelques beaux panoramas sur les Marlborough Sounds.


Pierre-Antoine ne pouvant pas conduire, puisque plâtré à la main gauche, Claire poursuit valeureusement sa route dans les lacets de la SH60 jusqu'à Nelson. On fait un tour du centre-ville, et passons par le centre géographique de la Nouvelle-Zélande. Fait étonnant, cet endroit s'avère également être par hasard le lieu du premier match de rugby sur le territoire néo-zélandais, en 1870. Le soir, nous cherchons une douche et trouvons finalement une alternative économique aux nuits en campings ou en backpackers : la piscine! En récompense de cette trouvaille, on dîne au Burger King (cela faisait longtemps!).