Lundi 24 mai. Katherine - Kakadu NP, 329km.
Dès le matin, nous roulons vers le Nord jusqu'au Kakadu National Park. D'une superficie de 19804km² (soit 3 fois la Loire-Atlantique), c'est le plus grand parc d'Australie et il est classé au patrimoine de l'Unesco à la fois pour la beauté de ses paysages que pour sa richesse culturelle. Notre première halte a lieu à Gunlom, que nous atteignons après 37 kilomètres de piste. Nous prenons le déjeuner dans le petit parc près du parking, et on se rend à la superbe cascade qui se jette dans un étang entouré de végétation.


Au bout du chemin, une clairière sablonneuse nous incite à nous jeter à l'eau, ce que nous nous empressons de faire. Nous nageons jusqu'à la cascade, pour se faire masser naturellement par les puissantes chutes d'eau. L'endroit est merveilleux et justifie à lui seul les 25$ d'entrée du parc par personne (au lieu des 11$ par voiture connus jusqu'alors). D'ailleurs, l'entrée était gratuite avant le 1er avril 2010... Un peu plus loin, on passe par le point de vue de Bukbukluk. Le nom du lieu est amusant mais les paysages un peu dissimulés par les arbres, si bien que nous repartons sans tarder vers Cooinda pour dîner. Les moustiques sont terriblement oppressants, ils nous entourent par dizaines et se régalent de notre rupture provisoire de crème répulsive. Nous faisons quelques kilomètres en arrière pour aller à Mardugal, où nous dormons sous la moustiquaire dans une "aire de camping" officielle, en plein dans la forêt du parc. 
 
Mardi 25 mai. Kakadu NP, 195km.
La journée démarre par une erreur de réveil due au décalage horaire, et nous dormons jusqu'à 8h30, ce qui constitue en soit une grasse matinée par rapport à notre rythme de voyage en Australie. La surprise est qu'une véritable hécatombe a eu lieu, et nous commençons par retirer sans doute plus d'une centaine de moustiques morts au pied de la moustiquaire. C'est certain, nous n'avons jamais connu pareille invasion. On redémarre notre parcours dans le Kakadu avec une ascension d'un gros rocher offrant un beau point de vue sur Nourlangie. La région est connue pour ses peintures aborigènes, et un sentier balisé permet de voir plusieurs lieux où ils vivaient, ainsi que leurs œuvres. Les dessins sont basiques, composés essentiellement de 4 couleurs : Rouge, Jaune, Blanc, Noir. Un point commun avec les représentations préhistoriques que l'on trouve en Europe, des animaux et des cérémonies sont peintes, assorties d'empreintes de mains et de pieds.


Sur un panneau à l'entrée du site de Nourlangie, une phrase d'un aborigène est retranscrite : "Nous sommes partis vivre tranquillement dans d'autres endroits et laissons cette région pour que les étrangers puissent la visiter". Bien sûr, rien ne précise les conditions de cette délocalisation. Dans le parc, on valorise allègrement la culture aborigène pour en faire bénéficier le tourisme, mais le contraste avec les "abos" vivant dans les villes de la côte Ouest est choquant. Ces derniers vivent dans la précarité, passant leur temps dans la rue. Un soir à Kununurra, un homme est venu nous demander de lui acheter de l'alcool, les lois lui interdisant d'en acquérir par lui-même. Si les aborigènes des villes côtières semblent être en très grande majorité des sans-abri, nous ne pouvons qu'espérer que ceux qui vivent dans les communautés où un permis d'entrée est nécessaire connaissent des conditions de vie plus favorables.
Pour en revenir au parc Kakadu, nous avons poursuivi par le centre d'information de Bowali. On y présente la faune et la flore des lieux, et évidemment un aperçu de l'histoire aborigène. Leur manière de gérer le territoire en brûlant régulièrement des parcelles de forêt pour en permettre une meilleure repousse a été conservée aujourd'hui dans le parc.
Le midi, nous déjeunons au bord du lac de Jabiru, le seul véritable village du parc. On en profite pour refaire le plein d'indispensables répulsifs anti-moustiques! Nous passons l'après-midi un peu plus au Nord, tout d'abord à East Alligator River. On peut marcher le long de trois sentiers de longueur différente. Dès le départ, on comprend qu'il s'agit d'observer la faune locale, et pas n'importe laquelle... Des araignées comme on n'en voit jamais en France parsèment le parcours, et mieux vaut faire attention à baisser la tête pour passer sous les toiles. Bref, cela a de quoi impressionner et la courte marche de 600 mètres nous suffit. Claire a courageusement accepté de poser près de l'araignée pour donner l'échelle...


Très proche, le site d'Ubirr regorge également de peintures rupestres illustrant des poissons, lézards, divinités, et humains. Nous arrivons en fin d'après-midi en haut d'un grand rocher offrant un beau panorama sur la plaine inondée de Nadab. Nous y attendons patiemment le coucher de soleil, puis rentrons passer la nuit à Jabiru.
 
Mercredi 26 mai. Kakadu - Darwin, 313km.
Réveillés un peu avant l'heure par la pluie sur nos pieds (nous dormons sous la moustiquaire, le toit ouvrant en position ouverte), on part en quête d'un endroit où petit déjeuner. Nous prévoyons enchaîner avec une marche à Mamukala mais la pluie s'intensifiant, elle annihile toute velléité de randonnée. Nous partons alors pour Darwin, notre destination finale de la côte Ouest australienne. Sur la route pour sortir du parc, nous apercevons quelques panneaux annonçant "Extrême Danger" concernant la présence de crocodiles d'estuaire de grande taille dans les eaux des petites rivières que nous traversons. Après quelques minutes d'observation attentive (en restant dans la voiture!) nous restons bredouilles et décidons de visiter une ferme de crocodiles dans les environs de Darwin. A notre regret, celle-ci s'avère être dorénavant fermée, et les deux parcs proposant de côtoyer en sécurité les reptiles sont trop chers à notre goût (28$ ou 30$ l'entrée par personne). Nous décidons de nous accorder un moment sur internet gratuit à la librairie, où nous retrouvons par hasard Karen et Romain, nos compatriotes lyonnais rencontrés à Broome. On se donne rendez-vous pour le soir.
En attendant, nous partons comparer les auberges de jeunesse (backpacker comme on dit ici), et boire un verre dans le centre-ville animé de cette ville que nous pensions de taille plus modeste. Comme prévu, on rejoint Karen et Romain à Mindil Beach, pour bavarder tranquillement avant de s'accorder un plaisir commun : un repas au fast-food (Hungry Jack's bien sûr), bien mérité après ce mois à déguster souvent des plats de pâtes en sauce. Le soir, nous dormons sur un parking à l'écart du centre, qui semble être la Mecque des voyageurs en van. Plus d'une vingtaine de ces véhicules y est présente, le bouche-à-oreille marchant visiblement très bien entre les jeunes.
 
Jeudi 27 mai. Darwin, 16km.
Voici venu le jour de nous séparer de notre van, nous le nettoyons comme prévu dans le contrat. Claire se débrouille très bien pour le savonner dans la station de nettoyage!


Nous pouvons alors le rendre, après avoir parcouru 6651 kilomètres à son bord. L'inspection dure 5 secondes, le temps pour l'employé de la compagnie de faire le tour du véhicule et de vérifier qu'il n'a pas été accidenté. On en regrette presque d'avoir passé tant de temps à le bichonner... Nous voici donc à pied, et nous logeons dorénavant dans un backpacker. C'est bien moins pratique pour bouger dans la ville mais on retrouve le confort : piscine, chambre climatisée, cuisine, toilettes & douches. Le soir, Karen et Romain viennent nous chercher et nous emmènent avec eux au Mindil Night Market, un marché bondé où on trouve une multitude de snacks en tout genre, des souvenirs typiques (didgeridoos, colliers de perles, pierres précieuses, tableaux d'art aborigène), et des concerts. L'un des concerts est particulièrement suivi, il s'agit d'un homme jouant de 4 didgeridoos, accompagné d'un autre à la batterie. Nous bavardons un peu sur le parking et ils nous ramènent au backpacker où on se dit au revoir.