Pour notre première journée à Yogyakarta, nous prenons nos quartiers en profitant tranquillement de la piscine.


C'est agréable dans cette ville éloignée de la mer, sous une température toujours tropicale. Dans l'après-midi, nous décidons de partir à pied en direction du centre-ville. Sur la route, nous croisons un indonésien qui nous arrête et nous demande où l'on va. C'est très courant ici, la plupart du temps il s'agit de personnes voulant nous proposer un transport contre un peu d'argent, et généralement nous les évitons. Mais là l'homme est en train d'essayer un scooter qu'il veut acheter à sa femme, et il parle un anglais très correct. Nous avons donc confiance et il s'avère qu'il était auparavant guide au palais du sultan de la ville. Très sympathique, il nous recommande la visite gratuite d'un centre d'art "Batik". Il nous donne plusieurs conseils avisés et nous négocie un excellent tarif pour y aller en becak, tricycle où deux passagers peuvent s'assoir à l'avant pendant qu'une personne pédale derrière. Il est très serviable et nous apprécions son geste.

Nous arrivons alors au centre en question, qui aurait été introuvable sans son aide, car caché dans une petite ruelle sans indication. On se fait accueillir par un maître des "batik", qui nous apprend leur confection et le rôle du centre. Le batik est la spécialité de l'île de Java, il s'agit d'un tissu (coton ou soie) peint par bain dans la peinture, en plusieurs étapes, pour appliquer autant de couleurs. C'est un travail de précision qui nécessite du temps, chaque couleur devant sécher avant de pouvoir passer à la suivante. Avant chaque bain, on couvre les parties du tissu à préserver de la peinture par une épaisseur de cire, que l'on décolle après le séchage. Dans le cas des véritables batiks, l'opération est à réaliser à l'identique de chaque côté du tissu. Les œuvres sont présentées sous forme de tableau, peuvent être de grande taille (1m x 2m), et d'une grande complexité. Le centre que nous visitons est financé par l'Etat indonésien, et des maîtres de cet art y apprennent aux meilleurs élèves des 7 universités des beaux arts de la ville la technique de fabrication, à raison de deux jours par semaine. En Indonésie, les basiques du batik sont enseignés à l'école, au même titre que "l'art plastique" en France, pour faire perdurer ici cette culture. Satisfaits par la description donnée lors de la visite et par la beauté de ces œuvres, on s'en achète un exemplaire de taille moyenne, réalisé par un des élèves du centre.


En fin d'après-midi, nous partons pour la Jalan Malioboro, l'artère principale de la ville. En ce week-end prolongé (ici le  vendredi 2 avril est férié), la foule indonésienne est compacte, et nombreux sont ceux qui ont choisi de quitter Jakarta pour passer le week-end ici. Il n'y a que très peu de touristes occidentaux, pour exemple nous sommes les seuls dans notre hôtel, les autres clients étant des locaux probablement venus de la capitale pour le pont. La rue commerçante est embouteillée, entre voitures, becaks, et charrettes tirées par des chevaux. Nous mangeons un Nasi Goreng au bout de la rue, avant de rentrer à notre chambre.

Le samedi 3 avril, nous prenons encore une fois notre temps pour petit déjeuner, profiter de la piscine, puis nous réservons un transport pour visiter le lendemain matin le temple de Borobudur. Ensuite, nous partons à nouveau vers le centre-ville, cette fois-ci en direction du palais du sultan. La carte que nous avons de Yogyakarta est approximative, la moitié des rues n'y figure pas et parmi celles qui sont indiquées, certaines n'ont pas de nom. Nous finissons par nous perdre plus ou moins volontairement dans un dédale de petites rues. Par surprise, on aperçoit des ruines, qui s'avèrent être celles du château d'eau de la ville. Voilà qui remplace donc la visite du palais.


Il est un peu surélevé par rapport aux autres constructions, ce qui nous donne une vue sur les alentours. Par un chemin hasardeux mais logique, nous rentrons dans notre quartier.

Le dimanche matin, le réveil sonne à 4h! Normal, l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Plus sérieusement, la visite du temple est programmée au lever du soleil, autant pour la lumière rasante que cela apporte, que pour éviter la chaleur qui y devient insupportable en milieu de journée. Sur la route, un paysage sublime : le volcan Merapi, le plus actif d'Indonésie, crache une régulière fumée grise qui se disperse à l'horizontale...


Il ne s'agit pas d'une éruption, mais d'une phase de repos (relatif) du volcan. Nous arrivons à l'entrée du temple un peu avant 6h et accédons au site parmi les premiers. Idéal pour les photos et la tranquillité! Empressés par l'idée du panorama, nous montons les 7 étages du monument pour nous hisser en haut et apprécier le lever de soleil, la vue sur les volcans, la brume au niveau des arbres dans la vallée, la lumière de l'aurore sur les statues de Bouddha...


On en profite pour faire des photos, et commençons tout de suite après la visite. Comme le veut la tradition bouddhiste, on tourne autour du temple dans le sens des aiguilles d'une montre. Celui-ci a été construit en pierres noires volcaniques (faciles à trouver dans le coin!) entre 750 et 850. Une éruption l'a enseveli pendant plusieurs centaines d'années, il est alors tombé à l'abandon. Au cours du XXème siècle, il a été découpé en plus d'un million de blocs avant d'être reconstruit pièce par pièce. Les travaux de restauration ont dû être très difficiles mais en valaient sincèrement la peine puisque les bas-reliefs sont superbement conservés.


Ils représentent les 500 vies de Bouddha et son apprentissage de la sagesse et de la méditation. A partir de 8h, des groupes scolaires commencent à arriver et nous découvrons ce qu'est la sensation d'être célèbre. Non pas qu'ils nous connaissent, mais tous veulent se faire prendre en photo avec nous! Visiblement ils ne voient pas souvent de personnes d'origine caucasienne, peut-être encore moins des jeunes comme nous.


Nous nous prêtons au jeu gaiement, même si cela devient tel que nous sommes gênés pour visiter calmement les galeries du temple. Qu'importe, notre visite est finie. Nous avions hésité à venir ici en ayant peur d'être déçus après avoir vu les temples d'Angkor, mais l'état de conservation du temple de Borobudur et l'environnement qui l'entoure nous ont comblés.

Comme prévu avec l'agence qui a géré notre minibus pour nous emmener au temple, le chauffeur nous dépose au bord d'une route. C'est ici que passe les bus à destination de Semarang, capitale de la province de Java-Centre. Deux minutes plus tard, il arrive et nous le hélons pour qu'il s'arrête. On monte avec nos sacs et commençons le trajet avec comme accompagnement les mélodies locales d'un guitariste indonésien, à la façon "musicien des métros parisiens".