Tout se passe bien, nous arrivons à minuit à l'aéroport bien moins récent de Jakarta. Le visa est rapidement obtenu, le plus long est de se fait enregistrer au contrôle de l'immigration : photo numérique, contrôle des papiers, prise des empreintes des 10 doigts... Ce poste de fichage généralisé passé, nous pouvons récupérer nos bagages et nous apercevoir de la vétusté de l'endroit. Nous prévoyions d'économiser une nuit d'hôtel en y dormant, mais le contraste avec l'aéroport de Bangkok est tel que nous choisissons tout de même de prendre un taxi pour Jalan Jaksa, la rue des hôtels bon marché du centre-ville. On y arrive vers 2h du matin, et là gros problème : On réalise que le premier hôtel est complet, comme le second, comme le troisième, ... Au détour d'une petite rue perpendiculaire, on trouve néanmoins une chambre miteuse pour un prix indécent, nous sommes contraints d'accepter. Il est 3h du matin. La compagnie Air Asia ne nous ayant pas offert pas de repas à bord, nous prenons un dîner très tardif dans la rue puis nous allons nous coucher.

Le lendemain matin, nous avons un impératif : changer d'hôtel! En fin de matinée nous arrivons à en trouver un autre un peu moins cher mais bien plus propre, avec petit déjeuner inclus. Dans l'après-midi, nous partons visiter le plus haut monument de la ville, le Monas (comprendre : Monument Nasional, selon l'orthographe locale). Ce grand obélisque de 140m de haut a été érigé pour célébrer l'indépendance du pays. Tout en haut, une flamme recouverte de quelques dizaines de kilos d'or.


Pour un prix dérisoire, nous achetons notre ticket nous permettant de visiter le musée qui se trouve au pied de la tour. Il retrace l'histoire du pays à travers des dioramas, sortes de scènes en 3D avec personnages et monuments sculptés au premier plan, et paysage peint en fond. Une excellente introduction en arrivant tout juste dans ce pays. Les premières représentent la culture indonésienne, et la grande majorité des suivantes raconte les étapes de la lutte contre la colonisation néerlandaise et l'obtention de l'indépendance. Nous montons ensuite des escaliers pour arriver face à un ascenseur montant directement tout en haut de la tour. Malheureusement, la visite du dernier étage s'arrête à 15h! On se contente donc de rester en bas du Monas pour discuter de nos plans pour la suite du voyage en Indonésie. Nous allons plus tard dîner dans une rue de notre quartier, où tout plein de petits warungs (nom donné aux stands de restauration locaux installés dans les rues) s'alignent. On prend un jus de Belimbing (Carambole), un jus de Jambu (fruit rond à l'intérieur rose), et deux Nasi Goreng, les plats locaux les plus répandus. Cela reste du riz, ça nous change peu des pays précédents... Mais c'est déjà cuit un peu différemment. Ici encore nous n'apercevons pas d'autre étranger, et les locaux semblent un peu étonnés de nous voir mais peu importe, nous apprécions davantage cela. La nourriture est très bon marché, nous nous offrons même une glace chacun, pour un prix total du repas atteignant avec peine les 2 euros.

Le jeudi 1er avril, nous connaissons maintenant les horaires classiques des bâtiments publics (8h-15h), ce qui nous permet d'optimiser nos visites de la journée en fonction. En sortant de notre hôtel, nous passons par une agence de voyage où nous nous renseignons sur la possibilité de partir à Yogyakarta, au centre de l'île de Java. Nous faisons bien car nous apprenons que le 2 avril est férié et qu'un week-end de pont arrive. Un peu à la va-vite certes, nous décidons de réserver deux places dans un minibus pour le soir même à 18h. On retourne à l'hôtel pour faire à nouveau nos bagages et libérer la chambre, avant de retirer au distributeur la modique somme de 2,5 Millions (de Rupiahs bien sûr!).


Nous partons alors pour le musée national. Là encore le prix à payer pour entrer est dérisoire, peut-être parce qu'à l'inverse de l'Asie il n'y a pas de discrimination -n'ayons pas peur des mots- entre tarif pour les étrangers et tarif pour les locaux. Le musée présente de très nombreuses statues de l'époque bouddhiste retirées des temples pour prévenir du pillage, ainsi que de la vaisselle ancienne, des outils, armes, déguisements traditionnels. Si la collection est plus importante qu'au musée de Phnom Penh, les explications fournies sont plus faibles. Nous n'avons pas eu le droit de garder notre appareil photo au cours de la visite, donc aucune illustration ne sera présente. La partie la plus impressionnante de l'établissement était à l'étage. Deux galeries par lesquelles on accède par un sas, représentent la collection d'objets en or du musée. Nous avons eu peine à réaliser la quantité d'or utilisée dans les bijoux anciens. Des bracelets, bagues, colliers épais en or à profusion, ornementés de pierres précieuses de très grandes dimensions.

Vers 14h, nous partons pour la tour Monas, très proche. A notre grand étonnement, il y a foule pour monter au dernier étage de l'obélisque, mais nous sommes les seuls étrangers! De nombreux indonésiens viennent par eux-mêmes, ou en groupes scolaires, profiter du panorama. En haut, on voit que Jakarta se construit autant à l'horizontale qu'à la verticale... La ville s'étend à perte de vue, et il n'y a pas un seul mais plusieurs quartiers de buildings. La pollution diminue la visibilité et grise le paysage. On localise le chemin à prendre pour aller à la grande mosquée de la ville : Istiqlal.


Nous poursuivons notre route en direction de ce bâtiment, qui est le plus grand monument musulman d'Asie. Le protocole de visite y est bien rodé. On ajoute nos noms à la liste, Claire se fait prêter un vêtement long, et un guide nous fait visiter les lieux.


On voit qu'il connaît cela par cœur! On apprend que la mosquée peut accueillir jusqu'à 200 000 fidèles, que l'on prie 5 fois par jour, les pieds sur la ligne jaune, et que la dimension allouée à chacun est un rectangle de 60cm/100cm. La visite est assez rapide mais très intéressante.


En sortant de la mosquée, on a vue sur... La cathédrale de Jakarta! Un bon exemple du slogan de l'Indonésie "l'unité dans la diversité". C'est le week-end de Pâques, les catholiques se pressent dans et en dehors de l'église pour suivre la messe par milliers. La ferveur religieuse, d'un côté comme de l'autre, semble toujours très présente dans le pays.

De retour dans notre quartier de la Jalan Jaksa, on dîne de bonne heure avant de monter dans le minibus en direction de Yogyakarta. On passe tout d'abord 3 heures à sillonner la ville pour récupérer les autres passagers. Il faut dire que la ville est énorme, mais que notre chauffeur ne sait pas non plus très bien où il va (à en juger par le nombre de demi-tours effectués). Le nuit est plutôt difficile, l'espace pour les jambes est limité et le confort des sièges minime. On comprend facilement que la densité de Java est de 1000 habitants au km². Les habitations sont partout, il n'y a pas de campagne à proprement parler. Juste quelques rizières pour ne pas changer!

Le trajet est d'une durée inimaginable, nous arrivons le 2 avril vers midi, soit 18 heures de route pour parcourir 643 kilomètres... Une moyenne fort déplorable d'environ 35km/h, en incluant les deux pauses repas d'environ 45mn chacune. Et ce malgré les dépassements folkloriques de notre chauffeur, qui aura réussi à ne pas fermer l'œil de la nuit grâce peut-être à sa consommation de cigarettes locales aromatisées au clou de girofle (appelées kretek).

Pour bien se reposer du voyage, et pour se venger de l'hébergement sommaire de Jakarta, nous nous offrons un hôtel dont la chambre reste d'un confort passable, mais avec piscine! Nous sommes alors à Yogyakarta, ville culturelle au centre de l'île de Java.