Après 3 jours peu stressants (du jeudi 18 au samedi 20 Février), nous avons entendu parler d'une soirée à laquelle nous souhaitions donc aller. Quelle surprise, c'était en fait une grande fête avec une écrasante majorité de laotiens (rien à voir donc sur ce point avec la soirée de la veille). Il y avait deux grandes scènes, des stands de nourriture et de boisson, des centaines de personnes assises par terre dans un grand champ de riz asséché. Sur la première scène, deux personnes chantaient pendant que de jeunes filles dansaient, habillées d'une couleur différente en fonction des chansons. Il est important de préciser que les couleurs changeaient, car les chorégraphies, elles, ne changeaient pas... Sur la seconde scène, un homme parlait en Lao. C'est un peu succinct comme description mais nous n'y avons forcément rien compris. Le gros point noir était la sonorisation. Non pas qu'elle était insuffisante (le son devait sans nul doute se propager à travers toute l'île!), mais très mal organisée. Les deux scènes étaient côte à côte, et rivalisaient de puissance pour se faire entendre. Les victimes du désastre, les spectateurs qui y perdent leurs tympans tout en étant toujours dérangés par l'une ou l'autre des deux scènes.

C'est avec surprise que nous avons vu parmi les stands, quelques endroits où des personnes brûlaient doucement de petites galettes blanches, pour les étirer à la chaleur du feu avant de les déposer sur un étalage, une fois la forme de gros biscuit apéro obtenue. Les plus assidus de la lecture du blog reconnaitront là les galettes de sucre de palme, que nous décrivions précédemment. Il nous avait été impossible de les goûter sur le lieu de fabrication (Don Khong), nous avons donc sauté sur l'occasion pour tester, après avoir bien observé la dernière phase : la cuisson au feu.


En bouche, c'est croustillant, un peu fondant et un peu sucré. Pour faire appel à des références bien occidentales, on pourrait comparer cela à un grand pop corn étalé, servi pendant les fêtes à la façon de nos barbes à papa.

Malgré cette étape culinaire intéressante et notre motivation à sortir un samedi soir (Claire s'était notamment vêtue d'une belle robe noire), nous rentrons au bungalow un tantinet déçus par le traitement infligé à nos oreilles. Bien sûr la musique est largement audible de notre chambre, qui n'est qu'à quelques centaines de mètres de la soirée. Et au moment de nous coucher, vers 1h, coupure de courant générale! Voilà ce qui arrive quand on pousse à bout la puissance sans rien n'avoir dimensionné précédemment, sur une île qui n'est reliée au réseau électrique que depuis... deux mois! Ca n'a duré que quelques minutes, mais on imagine la surprise pour ceux qui y étaient encore, ils ont tous dû se retrouver dans l'obscurité, au milieu d'un champ.

Après une nuit rythmée par les "boum-boum-boum" rivalisant avec les discours en Lao au micro, les coqs qui chantent à chaque heure, les grillons, et autres petits bruits de la nature, nous choisissons de louer des vélos pour parcourir l'île voisine (Don Khone). Ne nous demandez par pourquoi nous avons profité de la journée la plus nuageuse de notre séjour ici pour faire cela... Après la traversée d'un ancien pont ferroviaire érigé par les français pendant l'occupation coloniale entre Don Det     et Don Khone, nous payons les droits d'entrée (20000 kips par personne, soit 2€) totalement injustifiés. En suivant un sentier sablonneux plutôt inconfortable, nous arrivons aux chutes d'eau de Li Phi, également appelées Somphamit Waterfalls. Elles sont situées dans un environnement assez sauvage, et leur débit est à la hauteur du Mékong. Un peu plus loin, on trouve une plage de sable en bordure d'une retenue d'eau plus calme, où nous profitons d'un bain et d'une petite sieste.


Nous partons ensuite en prenant un nouveau chemin (aucune route sur l'île) en nous dirigeant à chaque croisement à l'aide d'un panneau peint à la main. Nous arrivons finalement sur une nouvelle plage, où deux bars se font tête, et des enfants jouent pendant que les adultes ne font visiblement pas grand chose, comme souvent ici. Nous apercevons un panneau indiquant que les gens proposent des pirogues pour aller voir les dauphins d'Irrawady, une espèce d'eau douce dont il ne reste que "quelques dizaines de spécimens sur la planète" (sic le Guide du Routard). Le prix proposé ici étant nettement inférieur à celui des agences de Don Det, nous n'hésitons pas longtemps. Sur la route nous traversons une zone inhabitée, où la rivière s'écoule en zigzag entre les rochers. C'est sur ces derniers que des arbres ont poussé, et de manière étonnante. Probablement aidés par les vents ou surtout par l'eau pendant la saison humide, ils sont tous penchés dans le sens du courant.


Notre conducteur de pirogue aura la générosité de nous laisser 1h30 regarder les dauphins à bord de la pirogue, nous partirons donc en dernier des lieux. Et oui, les dauphins étaient bien présents! Malheureusement, des dauphins gris dans une eau verte, ça ne rend pas très bien en photo, surtout lorsqu'ils ne s'approchent pas à moins de 15 mètres de l'embarcation. Nous garderons néanmoins ces images pour nous, puisque l'espèce est plus farouche que leurs cousins d'eau de mer. Nous nous empresserons de rentrer avant le coucher de soleil car bien entendu les chemins ne sont pas éclairés.

Pour nous récompenser de nos efforts de la journée, ou plus simplement juste par envie, nous décidons de goûter une spécialité locale, le Muk Pa. Il s'agit d'un poisson cuit dans une feuille de banane. C'est dans notre restaurant préféré que nous passons la commande (le Bambou Restaurant, tenu par Madam Pinh), il est du style cuisine de grand-mère et pas cher du tout. De plus, on attend bien moins longtemps les plats que dans la moyenne des restaurants laotiens.


Quand notre plat arrive, nous sommes comblés. En dépliant la feuille de banane, on découvre alors un mélange de poisson avec des herbes aromatiques, des épices, et des choses que nous ne pouvons pas franchement discerner. Peu importe, c'est succulent et nos papilles s'en délectent. Pour finir la soirée calmement, nous rejoindrons Ignacy (le polonais logeant dans un bungalow proche du nôtre) en terrasse du Reggae Bar.

Le lundi 22 Février était bien moins actif, nous sommes restés comme les premiers jours, dans nos hamacs, Claire dévorant les livres les uns après les autres.