La ville d'Uyuni n'ayant pas d'autre intérêt que celui de trouver une agence proposant de visiter le salar, nous partons le samedi 6 novembre pour Potosí. La route de 221km est hétérogène, mais majoritairement en mauvais état, puisqu'il nous faut six heures pour arriver à destination. Les quelques portions d'asphalte sont rapidement remplacées par des pistes. En certains endroits, on roule sur le sable, traversant même un cours d'eau! La ville de Potosí a le titre de ville la plus haute du monte, étant implantée à 4090 mètres d'altitude. Elle est classée à l'Unesco grâce à sa culture, qui a explosé au XVIème siècle suite à la découverte d'une énorme mine d'argent. Dans l'après-midi, nous faisons notre premier tour dans la ville, et ses ruelles aux façades colorées.

Comme en France, le repos dominical est sacré en Bolivie, il y a donc peu de magasins ouverts dans le centre-ville. Nous visitons le couvent-musée Santa Teresa.


Il est très grand, et notre guide nous y présente deux patios, la chapelle, les minuscules chambres des sœurs, leur cuisine et leur réfectoire, la salle où elles n'étaient autorisées à parler qu'une heure par jour... La discipline était rigoureuse, et les jeunes filles aristocrates qui y entraient à 15-16 ans n'en ressortaient plus de leur vie, puisqu'elles y étaient même enterrées. On réserve plus tard une visite guidée dans les mines pour le lendemain. Le soir, on s'essaie à la viande traditionnelle en goûtant du lama! Cela ressemble au porc, avec un goût plus proche du gibier. Pendant le dîner, nous observons sous la fenêtre des fanfares dans la rue. Elles répètent pour les festivités du 10 novembre, qui célèbreront les 200 ans de l'indépendance de la ville.

Le lundi 8 novembre, nous partons visiter une des mines du Cerro Rico. La tradition veut que l'on offre aux mineurs des petits cadeaux, et nous passons nous au marché nous fournir en feuilles de coca, boisson sucrée, et bâtons de dynamite. On passe alors au local récupérer nos élégants costumes jaunes, et nous nous rendons jusqu'à l'entrée de la mine. La construction de celle-ci a commencé en 1651, et son exploitation n'a pas cessé depuis. Aujourd'hui, les minerais extraits sont surtout le zinc, le fer, et l'étain. Nous passons deux heures sous terre, le dos souvent courbé.


Certains passages sont techniques, il faut marcher dans 20cm d'eau ou ramper dans d'étroits couloirs. Au fond de la mine, il fait très chaud et humide. On y voit les mineurs au travail, charger et pousser des wagons faisant entre 1500 et 2500 kilos. Quelques-uns commencent à travailler dès 16 ans, et le manager de 40 ans est indéniablement abîmé par ses années de travail. Tous ont une des deux joues gonflée par les feuilles de coca qu'ils laissent macérer en travaillant. Au fond d'un couloir a été placé le Tio, dieu des mineurs.


Il possède des cornes, des poils aux jambes, fume des cigarettes à l'eucalyptus et a les pieds recouverts de feuilles de coca et d'un fœtus de lama! Pour faire comme les mineurs, les hommes du groupe partagent une (petite) gorgée d'alcool potable à... 96°. Il paraît que plus on boit l'alcool pur, plus on recueille du minerai pur! Une fois sortis de ces sombres galeries, nous vivons en direct une explosion de dynamite. C'est très fort! Le soir, on marche dans les rues, parmi l'ambiance des troupes de musiciens et des majorettes qui dansent pour le bicentenaire de Potosí.

Le mardi 9 novembre, nous visitons la Casa Nacional de Moneda, où a été frappée la monnaie bolivienne pendant plusieurs décennies. La proximité de la mine d'argent était bien sûr la raison de son emplacement.


Une partie du bâtiment traite de son passé, les énormes engrenages originaux destinés au laminage du mélange argent-cuivre et à la frappe étant rénovés. La majeure partie des 150 pièces de l'édifice sert de musée pour exposer peintures, pierres, crânes, momies, objets en argent... Dans la cour intérieure, un étrange visage surplombe la petite fontaine. Durant l'après-midi, nous regardons des musiciens jouer un concert de musique potosina sur la place principale. En traînant en ville le soir après avoir mangé une assiette locale à prix record (0,60€), nous sommes déçus de voir qu'il n'y a pas d'animation, les fanfares se reposant sans doute en l'attente de la journée du lendemain.


Le mercredi 10 novembre est le jour du bicentenaire de la ville. On prend le petit déjeuner à l'étage d'un restaurant, nous permettant de voir les stands de nourriture se monter et la foule arriver peu à peu. Les festivités sont organisées autour de la place centrale, la plaza 10 de noviembre, tiens donc! On voit une exposition photo, une chorale de jeunes enfants, des membres de sécurité pour les autorités, une fanfare militaire précédant des élus municipaux, dont certains se font siffler. Beaucoup de jeunes sont déguisés pour cette journée. En tout cas, la foule nous permet de pouvoir prendre discrètement la population locale en photo, au naturel. C'est cependant le jour que nous avions choisi pour regagner Sucre, la capitale constitutionnelle du pays. Nous ne pouvons donc pas rester plus longtemps et prenons le car dans l'après-midi.